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Séisme de 9,0 au Japon & Fukushima Daiichi – Le cauchemar nucléaire

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Par François Marginean

Il semble que la leçon de 1986 avec l’accident de Tchernobyl n’a pas été apprise finalement. Il aura fallu une deuxième catastrophe nucléaire majeure pour faire passer le message et porter à la conscience planétaire que l’énergie nucléaire n’est pas sécuritaire, qu’elle n’est pas une solution viable ni propre. Le lobby nucléaire tente sans cesse de nous rassurer en nous disant que c’est une technologie bien contrôlée et propre, voire même « verte », comme se plaisent à dire plusieurs écologistes et réchauffistes, en passant par Al Gore qui a des intérêts dans le nucléaire. Jusqu’à ce que… un autre accident se produise, mettant en péril une population entière et le reste de la planète. Cette fois, c’est un tremblement de terre de 9,0 de magnitude, le quatrième plus puissant séisme depuis 1900 qui est venu déjouer les cartes et les assertions de l’industrie de l’énergie nucléaire tout en révélant la vanité de l’homme qui croit encore et toujours pouvoir contrôler et dominer la nature et sa force brute.

Le Titanic avait déclaré être si bon qu’il ne pouvait pas couler, ce qui pourtant se produisit dès le premier voyage. De la même manière, la vanité du lobby nucléaire et la courte mémoire des gens qui avaient déjà presque oublié Tchernobyl, l’épisode à Three Mile Island ainsi que les autres nombreux accidents nucléaires, nous ont fait croire que tout était sous contrôle et qu’une autre catastrophe avait infiniment peu de chance de se produire. En fait, l’industrie de l’énergie nucléaire était en pleine croissance ces dernières années et beaucoup de nouvelles centrales nucléaires ont été, ou devaient être construites partout dans le monde. Pour leur part, Hydro-Québec et le gouvernement québécois ont d’ailleurs toujours leur projet de rénover Gentilly-2 bien en tête. Dur, brutal, voire cinglant rappel à la réalité pour l’humanité et le lobby nucléaire.

Rien n’est infaillible, il y a toujours un  « mais… » . L’impermanence de tout, que la cause soit humaine ou d’ordre des forces de la nature. Et du coup, nous voilà de nouveau en pleine catastrophe nucléaire potentiellement de portée mondiale. Le tout causé par ce massif séisme de 9,0 ayant frappé le Japon vendredi le 12 mars 2011, déclenchant un puissant tsunami qui lui a continué de dévaster les côtes du Japon et ravageant tout sur son passage. Autre conséquence fâcheuse – endommagement et l’arrêt de centrales nucléaires qui causera la perte de contrôle des systèmes de refroidissement des coeurs de réacteurs nucléaires à la centrale de Fukushima et donc d’une fusion en série de ceux-ci.

Cet article réunira donc toutes les informations pertinentes et de nombreuses vidéos pour bien suivre le déroulement de cette situation critique. Il y va de manière chronologique et toutes les mises à jour seront ajouté à la fin de cet article. Ne manquez donc pas d’y revenir à chaque jour.

Image: makitanaka on twitter

Le pire séisme de l’histoire moderne du Japon a frappé de plein fouet hier à 14h46 (heure locale). Le nord-est du pays a été le plus durement touché à la suite du séisme de magnitude de 8,9, ou de 9,0 selon les nouvelles estimations de la US Geological Survey. L’épicentre se trouvait à 125 km du littoral de l’île la plus populeuse du Japon, Honshu, et à environ 380 km de Tokyo. Il s’en est suivi d’un tsunami qui a balayé les côtes du Japon en inondant et emportant tout sur son passage.

Cliquez ici pour 30 images à voir et là pour une revue de 102 images de AP.

Comme on peut le voir sur cette image, ces évènements couvrent une large étendue de la croute terrestre:

Les points en rouge sont les derniers séismes des dernières heures, dont un de 6,6 sur l’échelle de Richter et un autre de 6,2 de l’autre côté d’Honshu. Le séisme a été si puissant qu’il a bougé la Terre de son axe d’environ 10 centimètres et déplacé l’ile principale du Japon de 2,4 mètres. Kenneth Hudnut, un géophysicien travaillant pour la U.S. Geological Survey (USGS) a déclaré ceci à ce propos:  » À ce moment-ci, nous avons qu’un des GPS de la station a bougé (2,4 m), et nous avons vu une carte provenant du GSI (Geospatial Information Authority) au Japon montrant que le pattern du déplacement sur une importante étendue est en corrélation avec environ le même déplacement de la masse terrestre « . (Source: CNN)

Plus de 1,4 million de foyers sont sans électricité et des milliers de personnes ont du mal à trouver un endroit se réfugier et à rejoindre leurs familles. Selon les dernières estimations officielles, il aurait plus de 1400 morts et disparus à la suite du tremblement de terre et du tsunami. De 200 à 300 corps ont été retrouvé sur les côtes aujourd’hui.

 

Mais le pire est à venir.

Le Japon a déclaré l’état d’urgence pour 5 réacteurs nucléaires situés dans deux centrales nucléaires distinctes après que le tremblement de terre ait coupé l’électricité alimentant les systèmes de refroidissements. Des milliers de résidents ont été évacués alors que des employés des centrales nucléaires ont essayé de contrôler les réacteurs nucléaires afin d’éviter une fusion du coeur des réacteurs nucléaires.

La fusion du cœur d’un réacteur nucléaire se produit lorsqu’un réacteur nucléaire cesse d’être correctement contrôlé et surtout refroidi, en raison d’une défaillance des systèmes de contrôle ou de sécurité. Les crayons de combustible nucléaire (qui contiennent l’uranium ou le plutonium ainsi que des produits de fission hautement radioactifs) commencent à surchauffer puis à fondre à l’intérieur du réacteur. La fusion du cœur est considérée comme un accident nucléaire grave en raison de la probabilité que des matières fissiles puissent franchir l’enceinte de confinement (si elle existe) et polluer l’environnement avec une émission de nombreux radioisotopes hautement radioactifs. (Source)

Plusieurs fusions du cœur se sont déjà produites dans des réacteurs nucléaires autant civils que militaires. Toutes les fusions de cœur se sont caractérisées par des dégâts très sérieux sur le réacteur nucléaire. Dans certains cas, il a fallu réaliser le démantèlement complet du réacteur et, dans les cas les plus graves, une évacuation de la population civile des environs a été nécessaire.

Mais il demeure présentement impossible de maintenir les systèmes de refroidissement des réacteurs nucléaires en fonction et il y a un très réel risque de les voir fondre et exploser.

D’ailleurs, il y a quelques heures, il y a eu une puissante explosion dans l’une des centrales où les combustibles nucléaires radioactifs sont gardés. Le niveau des liquides refroidisseurs a baissé dans le réacteur de la centrale nucléaire N°1 Fukushima (9501) opéré par Tokyo Electric Power Co. dans la préfecture de Fukushima, exposant ainsi le coeur du réacteur nucléaire à de la surchauffe et les crayons de combustible nucléaire sont maintenant endommagées. Du césium, un sous-produit d’un réacteur hors de contrôle, a été détecté.

La salle de contrôle du réacteur de la centrale Fukushima N°1 a enregistré dans la matinée un niveau de radioactivité 1000 fois supérieur à la normale. Les fonctions de refroidissement étaient en outre inopérationnelles dans trois réacteurs d’un second site voisin, Fukushima N°2. Des milliers de personnes ont été évacuées, dans un rayon allant jusqu’à 10 kilomètres des centrales. (Source: Cyberpresse.ca)

Mais selon les dernières nouvelles provenant de CNN, les évacuations ont maintenant été élargies à 20 kilomètres de rayon autour de la centrale N°1. Selon Reuters, 20 000 personnes auraient déjà été évacuées.

TEPCO a perdu le contrôle de la pression dans le coeur d’un des réacteurs de la deuxième centrale est elle augmente dangereusement. Elle atteint, au moment d’écrire ces lignes, plus de deux fois la pression normale. Le directeur du cabinet Edano confirme qu’il y aurait une fuite de radiation à la centrale de Fukushima.

Espérons que la communauté internationale fait tout en son pouvoir présentement pour prévenir un désastre à ces deux centrales nucléaires et les autorités japonaises coopèrent pleinement pour résoudre la situation. Le Japon et les régions avoisinantes sont potentiellement sur le point de vivre une catastrophe sans précédent si cette situation n’est pas prise en charge convenablement. Tout cela commence à prendre les allures d’un nouveau Tchernobyl, 25 ans plus tard, mais potentiellement bien pire.

Aux dernières nouvelles, la centrale d’Onagawa est en feu, et il semble qu’il n’était plus possible d’empêcher la fusion du réacteur, bien que les informations soient manifestement filtrées afin de ne pas affoler les populations.

C’est toujours le même syndrome, celui de Tchernobyl, qui consiste à dissimuler le danger, afin de ne pas créer la panique.

Pour suivre les informations en direct, on peut utiliser ce lien. (Source)

Et comme si la situation n’était pas déjà assez dramatique, le volcan Sakurajima vient de faire éruption au Japon. C’est le quatrième volcan à faire éruption aujourd’hui, après deux en Russie et un en Indonésie.

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Dernières nouvelles – Mise à jour le 12-03-11, à 17:23

Le réacteur nucléaire qui fait défaut, le Fukushima Dai-ichi Unit 1, est construit par General Electric et est de type GE Mark I Boiling Water Reactor. Le diagramme schématique est disponible ici.

Les risques d’une catastrophe nucléaire augmentent rapidement au Japon, « pire que Tchernobyl ». L’expert nucléaire Kevin Kamp, du Institute for Public Accuracy, a déclaré ceci à propos des risques d’après tremblement de terre au Japon:  » Le réseau d’électricité ne fonctionne pas. Les générateurs diesels ont été endommagés. Les multi-réacteurs de la centrale électrique de Fukushima reposent désormais sur des batteries d’urgence qui n’ont qu’une autonomie de huit heures. Le danger est que les coeurs des réacteurs nucléaires thermiquement très chauds doivent être continuellement refroidi pendant 24 à 48 heures. Sans électricité, les pompes ne seront pas capables de pomper de l’eau à travers les coeurs des réacteurs pour les refroidir. Un coup que l’électricité est coupée, le combustible nucléaire irradié commence à fusionner. Si les systèmes de confinement échouent, un relâchement de radioactivité catastrophique dans l’environnement se produit.

Selon la Nuclear and Industrial Safety Agency (NISA), l’explosion survenue à la centrale Fukushima N°1 ne peut être qu’avoir été causé par la fusion du coeur de son réacteur. Des sous-produits d’une fusion d’un coeur de réacteur nucléaire, du césium et de l’iode, ont été détectés autour de la centrale. On peut donc assumer que le confinement protecteur du réacteur a probablement été atteint et endommagé.

Le Japon a donc appuyé sur le bouton de panique et a décidé d’utiliser de l’eau salée de l’océan pour essayer de refroidir le réacteur. Il s’agit du pire accident nucléaire de l’histoire de cette nation. Mais ce que cela signifie, c’est qu’ils ont abandonné tout espoir de récupérer et réparer le réacteur parce que l’eau salée va détruire le réacteur. Ainsi donc, ils sont seulement en train d’essayer de le fermer de n’importe quelle façon possible. Si ce plan ne fonctionne pas et que le coeur du réacteur fusionne, la seule chose qui restera à faire sera de le sceller avec du béton, ce qui revient à le coffrer comme dans une tombe.

Le Japon a annoncé son intention de distribuer de l’iode de potassium pour protéger la thyroïde des gens exposés à de la radioactivité.

- Explosion at nuclear plant in Japan

- Video of blast at Fukushima nuke plant, radiation leak reported

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Mise à jour le 13-03-11, à 18:17

Le titre a été corrigé et affiche maintenant 9,0 comme magnitude pour le tremblement de terre de vendredi, tel que confirmé par les agences de sismologie.

Le Japon a la distinction de vivre avec le plus de séismes que n’importe quel autre pays sur Terre. Si on inclus les secousses détectables seulement que par les sismographes les plus sensibles, environ 7500 tremblements de terre peuvent survenir n’importe quelle année au Japon et ses environs. De ceux-là, environ 1500 peuvent être ressentis par des humains. Autant que 40 ou 50 séismes ressentis par des humains se produisent annuellement dans la région de Tokyo uniquement. (source)

Depuis le tremblement de terre majeur de vendredi, il s’est produit plus de 300 séismes d’après choc, variant de 3,0 à 6,9 – tel que rapporté par CNN – au moins 4 majeurs entre 5 et 6,9 sur l’échelle de Richter.

 »Normalement, les séismes d’après choc se produisent à l’intérieur de quelques jours suivant le principal », a déclaré le directeur du Centre Sismologique Australien, Kevin McCue;  » la règle de base est qu’on doit s’attendre à un séisme d’après choc majeur d’une magnitude plus faible que le principal, alors on s’attendrait à un séisme de 7,9.

Vous trouverez dans cet article du Daily Mail une série d’images chocs qui commencent à émerger du désastre ayant frappé le Japon.

Images satellites AVANT-APRÈS le tsunami

Autres images AVANT-APRÈS tsunami

RAW, japan, The first moments of Tsunami as it reaches Kamaishi coast After Earthquake.

New dramatic video: Tsunami wave spills over seawall, smashes boats, cars

Emergency at Onagawa nuclear plant, radiation 700 times over normal

Des informations conflictuelles sont émises par le gouvernement japonais et les autorités en matières nucléaires. D’un côté on rassure la population en disant que la situation des coeurs de réacteurs nucléaires est sous contrôle, alors que de nouvelles alertes sont émises pour le réacteur numéro 2 et 3 qui sont en danger de fusion dû aux systèmes de refroidissement qui sont inopérants. De l’eau salée de l’océan est présentement utilisée comme solution de dernier recours pour abaisser la température des coeurs des réacteurs. On nous assure qu’il ne peut y avoir d’explosion, contrairement à Tchernobyl car les réacteurs utilisés au Japon ne contiennent pas de graphite. On rapporte que 180 000 personnes ont maintenant été évacuées de la région autour des deux centrales menacées, par « mesure de sécurité ».

Un sixième réacteur à Fukushima a perdu ses fonctions de refroidissement durant la journée du 13 mars, ont déclaré les opérateurs et propriétaires de la Tokyo Electric Power Co (TEPOC).

Alors que le Japon se dépêche pour éviter une fusion nucléaire dans ses réacteurs, un expert a averti dimanche que la radiation pourrait s’étendre aux États-Unis. Joe Cirincione, président de Ploughshares Fund, a déclaré à Fox News que « la crise nucléaire au Japon est sans précédent ». « Un réacteur a la moitié de son coeur exposé déjà. C’est celui qu’ils inondent de l’eau de l’océan dans un effort désespéré d’éviter qu’il ne fusion complètement. Ils ont perdu le contrôle d’un second réacteur situé directement à côté, une fusion partielle, et il y a en fait un troisième réacteur sur un site relié à 20 kilomètres de là sur lequel ils ont également perdu le contrôle. Nous n’avons jamais connu une pareille situation auparavant ».

Le Japon a déclaré l’état d’alerte pour une autre centrale nucléaire, celle d’Onagawa, après que des niveaux excessifs de radiation ont été enregistrés, annoncé la AIEA. Six millions de foyers sont sans électricité, soit plus de 10% de la population japonaise, alors que la terre continue de trembler aux deux heures depuis vendredi. (source)

Le volcan Shinmoedake entre en éruption au Japon. Les débris volent à 4 km dans les airs

Q: Is There A Meltdown? A: We Have To Be Very Careful About « Terminology » Nuclear Situation Update

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Mise à jour le 14-03-11, à 17:23

La situation se détériore… deux réacteurs seraient en fusion et un troisième sur le point de fusionner. On apprend qu’un de ces réacteurs fonctionne avec du MOX, un mélange d’uranium et de plutonium, ce qui la pire des choses. Le réacteur N°3 qui éprouve des problèmes fonctionne avec du plutonium ou l’un de ses dérivés (MOX), des substances extrêmement toxiques et radioactives.

Le MOX, combustible particulièrement toxique

Le réacteur N°3, en proie à une forte surchauffe, fonctionne au MOX.

Le MOX, combustible utilisé dans la centrale nucléaire japonaise de Fukushima,  [...] est un matériau particulièrement toxique, a souligné le Réseau Sortir du nucléaire (RSN).

Le réacteur N°3 en particulier, en proie à une forte surchauffe, fonctionne au MOX – pour « mélange d’oxydes »- un combustible « extrêmement dangereux qui entre plus facilement en fusion que les combustibles classiques », indique RSN. Composé d’uranium et de plutonium, issu de déchets nucléaires recyclés, le MOX est « bien plus réactif que les combustibles standard », a expliqué à l’AFP Jean Marie-Brom, ingénieur atomique, directeur de recherche au CNRS.

« Le plutonium, qui n’existe pas à l’état naturel, est un poison chimique violent. Le mieux aurait été de ne pas en mettre du tout », explique-t-il. Selon RSN, sa « toxicité est redoutable: il suffit d’en inhaler une particule pour développer un cancer du poumon ».

Le mélange spécial de plutonium à été introduit en août 2010 dans le réacteur, rapporte le quotidien Japan Today:

« Tokyo Electric Power Co a chargé un mélange de combustible plutonium-uranium samedi dans un des réacteurs du site nucléaire de Fukushima afin de réaliser le premier et plus grand site de production d’énergie thermique au plutonium. Le réacteur no 3 du site de Fukushima sera la troisième usine du Japon à passer dans la génération dite «pluthermal». »

« Si un de ces réacteurs avec des noyaux de Plutonium parvient à un seuil critique et si l’enceinte est rompue, la libération d’à peine quelques kilogrammes de PU pourrait entraîner LA MORT D’UNE PARTIE SIGNIFICATIVE DE LA SURFACE DE LA TERRE.»

Ici un reportage en français sur l’explosion dans l’enceinte de la centrale nucléaire au Japon:
http://www.youtube.com/watch?v=N9eg8orD4U0&NR=1

Explosion dans la centrale nucléaire au Japon. 12-03-2011
http://www.dailymotion.com/video/xhkggx_explosion-de-la-centrale-nucleaire-au-japon-12-03-2012_news

Catastrophe de Fukushima : les premières mesures indépendantes de radioactivité sont alarmantes

Le Réseau « Sortir du nucléaire » révèle que six journalistes indépendants de l’association JVJA (Japan Visual Journalist Association), dont le directeur du magazine Days Japan, Ryuichi HIROKAWA, se sont rendus près de la mairie de Futaba, à 2 km de la centrale de Fukushima Daiichi, pour mesurer la radioactivité avec trois compteurs Geiger, ce dimanche 13 mars à 10h20. Il s’agit à notre connaissance de la première mesure faite de façon indépendante des autorités, par des journalistes japonais que nous saluons pour leur courage et les risques qu’ils ont pris pour faire leur métier.

À la mairie de Futaba, située à 2km de la centrale de Fukushima Daiichi, la radioactivité dépasse la capacité de mesure de certains des compteurs Geiger (BEIGER COUNTR DZX2, VICTOREEN 209-SI, et MYRate PRD-10) employés par les journalistes japonais.

À l’aide d’un compteur VICTOREEN 209-SI, le débit de dose a été mesuré à 10 milli-Röntgen/h (soit 0,1 mSv/h, ce qui signifie qu’un citoyen japonais reçoit la dose annuelle tolérée en France en l’espace de 10 heures)
. Le journaliste ayant effectué la mesure, Ryuichi Hirokawa, déclare : « Quand j’ai fait un reportage fin février 2011 à Tchernobyl, le taux de radioactivité était de 4 milli-Röntgen/h (0,04 mSv/h) à 200 m du réacteur accidenté. Dans la ville de Pripyat, à 4 km du réacteur de Tchernobyl, le niveau était de 0,4 milli-Röntgen/h. » (1)

Les mesures relevées avec les 2 autres appareils varient dans une fourchette de 20 à 1000 micro-sievert par heure (0,02 à 1 mSv/h). Explication : 1 mSv représente le niveau de la limite annuelle autorisée en France pour l’exposition de la population aux rayonnements radioactifs artificiels en France. En seulement 1 heure, un citoyen japonais reçoit la dose annuelle.

De telles informations accréditent un niveau de radioactivité dramatiquement élevé dans un périmètre étendu autour de la centrale, dont les conséquences sanitaires ne pourront être que très graves.

Rappelons que la radioactivité atteignait ce matin un niveau 400 fois supérieur à la normale à la préfecture de Miyagi, distante de 80 km de la centrale de Fukushima Daiishi (2).

Les autorités japonaises sont en train de perdre tout contrôle sur la situation. Le Réseau « Sortir du nucléaire » alerte les citoyens : le gouvernement japonais cherche à minimiser autant que possible la gravité de la catastrophe nucléaire en cours et du relâchement de radioactivité dans l’environnement. Avec la réunion ministérielle de ce samedi 12 mars et la tentative de désinformation du ministre de l’industrie Éric Besson, la machine à étouffer l’information s’est déjà mise en marche, en France aussi.

Mise à jour le 16-03-11, à 00:00

Le commissaire européen à l’Energie Günther Oettinger a qualifié aujourd’hui l’accident nucléaire au Japon  » d’apocalypse « , estimant que les autorités locales avaient pratiquement perdu le contrôle de la situation dans la centrale de Fukushima.

« On parle d’apocalypse et je crois que le mot est particulièrement bien choisi », a-t-il déclaré devant une commission du Parlement européen à Bruxelles.  » Pratiquement, tout est hors de contrôle « , a-t-il ajouté.  » Je n’exclus pas le pire dans les heures et les jours à venir « . (source)

À lire:

Japon : niveau de gravité 6, risque de fuite radioactive

- La crise nucléaire s’aggrave après une nouvelle explosion à l’aube liée à la présence d’hydrogène dans le réacteur 2 de la centrale de Fukushima 1, puis un incendie du réacteur 4, également à la suite d’une explosion. Légère hausse de température dans les réacteurs 5 et 6 de la centrale.

- « Le niveau de radioactivité a considérablement augmenté » sur le site (Premier ministre Naoto Kan). Son porte-parole annonce quelques heures plus tard que le niveau a commencé à baisser. Appel aux personnes habitant dans un rayon de 30 kilomètres à rester calfeutrées chez elles.

- L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) estime que l’enceinte de confinement du réacteur 2 a peut-être été « affectée ». L’enceinte de confinement « n’est plus étanche » et cet accident nucléaire a atteint un niveau de gravité 6 (sur une échelle de 7), selon l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN). Les autorités japonaises ont annoncé que l’explosion a endommagé l’enceinte, mais sans la percer.

- Le niveau de radiations consécutif à l’incendie « pourrait endommager la santé » des populations (ministre japonais des AE).

- Le taux de radioactivité à Tokyo dépasse légèrement la normale à la mi-journée, avant de redescendre.

- Bilan officiel du séisme et du tsunami: 3.373 morts, 6.746 disparus.

- Les 100.000 soldats mobilisés, épaulés par de nombreux secouristes étrangers, continuent de porter secours aux plus de 500.000 sinistrés.

- Dans la soirée, fort séisme de magnitude 6 au sud-ouest de Tokyo.

- Berlin annonce la fermeture provisoire de sept réacteurs. Moscou ordonne une étude du nucléaire. L’UE décide des tests de résistance de ses centrales.

Jonathan du blogue L’Éveil 2011 a ceci comme information:

L’accident nucléaire de Fukushima au Japon a atteint un niveau de gravité 6 sur l’échelle internationale des événements nucléaires et radiologiques, qui en compte 7, a estimé mardi le président de l’Autorité française de sûreté nucléaire (ASN), André-Claude Lacoste.
«Le phénomène a pris une ampleur tout à fait différente d’hier (lundi). Il est clair qu’on est au niveau 6», a déclaré M. Lacoste au cours d’un point de presse. «Les ordres de grandeur ont changé», a-t-il ajouté.

L’évaluation de l’Autorité de sûreté nucléaire française s’appuie notamment sur la situation du réacteur numéro 2 de la centrale de Fukushima. L’enceinte de confinement du réacteur numéro 2 «n’est plus étanche», a ainsi déclaré André-Claude Lacoste. L’enceinte de confinement qui entoure le coeur du réacteur est destinée à le protéger et à l’isoler de son environnement, afin d’éviter toute contamination radioactive.

L’agence de sûreté nucléaire japonaise quant à elle n’a pas relevé le classement de l’accident au niveau 6, a déclaré mardi à l’AFP l’un de ses responsables.
Selon l’ASN, «deux explosions successives, à 06h10 et 10h00 (heures locales) ont probablement entraîné une dégradation de l’enceinte de confinement à l’origine de l’augmentation significative des rejets radioactifs détectés». «Nous sommes très clairement dans des doses extrêmement élevées» dans les environs immédiats de la centrale, a précisé M. Lacoste. (source)

Explication (en anglais) d’une fusion d’un coeur nucléaire

30km no-fly zone over Fukushima, meltdown fears as radiation leak confirmed

Les autorités japonaises ont déclaré que les crayons de combustibles nucléaires semblent fusionner les trois réacteurs les plus affectés. La situation se rapproche de la sévérité de Tchernobyl. Les explosions de mardi à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi ont élevé la situation à « sérieux accident », un niveau sous celui de Tchernobyl, a déclaré un expert nucléaire français.

Le spécialiste nucléaire russe Iouli Andreev, qui a été appelé à aider au nettoyage du site de Tchernobyl, a accusé l’avarice de l’industrie nucléaire et l’influence corporative sur l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) d’avoir contribué à ce que la situation se détériore au Japon en ignorant volontairement les leçons du pire accident nucléaire mondial il y a 25 ans pour protéger l’expansion de leur industrie.

Selon Kyoto News, les taux de radiation sont le double des niveaux qui avaient jusqu’alors été enregistrés par TEPCO. Les vents ont changé de direction et soufflent maintenant les retombées radioactives vers Tokyo, la capitale, faisant augmenter les taux de radioactivité rapidement.

Les retombées radioactives touchent Tokyo avec des taux de 10 à 80 fois la normale. Reuters et NHK rapportent que les taux de rayonnement sont détectées partout au Japon et Air China a décidé d’annuler tous ses vols vers Tokyo. La peur des retombées radioactives suite à une troisième explosion à la centrale de Fukushima a semé la panique à Tokyo, l’une des plus populeuses agglomérations du monde, déclenchant des évacuations spontanées de la ville et ses environs. Des images percutantes sont à voir dans cet article du Daily Mail.

Maintenant, un nouveau feu vient de se déclarer au réacteur numéro 4 de la centrale nucléaire de Fukushima Daiich, qui a déjà subi quatre explosions depuis vendredi. La quatrième explosion a tué deux personnes et a ouvert deux brèches dans l’enceinte de confinement et donc la structure est compromise. NHK rapporte des fissures dans les réacteurs #1 et #4 suivant l’explosion. L’admission de fusion des coeurs nucléaires signifie dorénavant qu’il y aura sans doute des effets sur la santé à la grandeur de la planète. Après le déni répété du gouvernement japonais insistant que les fuites de matériel radioactif n’étaient pas sérieuses, de récentes vidéos et évidences rapportées confirment l’horrible vérité. Le Japon se prépare maintenant pour le pire scénario en évacuant des centaines de milliers de personnes. Les retombées radioactives pourraient bientôt atteindre le Canada et les États-Unis, les expositions pouvant durer des mois.

Ce feu dans le site du quatrième réacteur de Fukushima (voir ce réseau de nouvelles en « live streaming ») est situé dans le lieu où sont entreposés les déchets de combustible nucléaire. Ce quatrième réacteur n’était pas en fonction lors du séisme de vendredi. Mais ces dépôts de crayons de combustible nucléaire utilisé sont importants car ils en contiennent moyenne de 3450 à 6291 assemblages de crayons, qui chacun d’eux contiennent 63 crayons. Donc, il pourrait se trouver plus de 600 000 crayons de combustible utilisés à la centrale de Fukushima, d’où l’importance et la gravité de la situation de l’explosion et du feu dans le bâtiment numéro 4. Les niveaux de radioactivité ont monté de façon significative, passant de 1000 microsieverts par heure à 400 millisieverts par heure, probablement relâchés par le feu rendu possible dû au manque de liquide refroidisseur. Ces niveaux de radioactivité vont causer du tort à la santé des gens, tel que stérilité chez les hommes et réduire les taux de globule blanc dans le sang.

Un vent de panique s’est emparé des marchés financiers et une vente de masse a fait perdre $287 milliards en valeur des marchés boursiers de Tokyo. La Nikkei Futures a baissé de plus de 16% depuis le séisme de vendredi dernier.

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Mise à jour le 17-03-11, à 14:40
Voici un extrait d’un puissant article publié par le Monde Diplomatique – Tout est sous contrôle – sur la situation au Japon et surtout à propos de l’état des médias et des autorités et de leur gestion de l’information en temps de crise. Un regard perçant et très révélateur que les lecteurs sont fortement conseillés de lire en entier:

Et comparons avec le « discours officiel » repris par les médias. Là encore, nous assistons dans les cinq jours à un hiatus énorme entre ce qui est dit et ce qui est fait. Dans la pratique, on instaure une zone d’évacuation, dont le diamètre va d’ailleurs grandir au fil du temps. On distribue de l’iode, on prépare les systèmes de mesure de la radioactivité… Dans le discours, nous aurons deux antiennes qui reviennent en permanence : « les doses reçues ne sont pas dangereuses pour les populations » et « on ne peut pas comparer avec Tchernobyl ». Sous une forme ou sous une autre, « experts », décideurs politiques et économiques et journalistes spécialisés vont s’efforcer de relayer ce message. Pour des raisons de court terme (au Japon notamment), mais surtout d’intérêts biens compris (éviter que l’accident n’ait des conséquences sur la filière en France et dans le monde). L’information qui va être délivrée ne sera jamais une image du réel impitoyable qui se met en place, mais une volonté permanente de « rassurer », au prix de tous les petits arrangements avec la réalité.

Quant à la comparaison avec Tchernobyl, essayons de mesurer ce qu’elle représente. L’explosion de la centrale ukrainienne, l’éjection dans la stratosphère du nuage radioactif, et les retombées sur un continent entier serait-elle la seule forme de la catastrophe nucléaire ? Dès lors, tant que l’explosion n’aurait pas eu lieu, il n’y aurait pas de catastrophe nucléaire, comme l’affirmait sans rire samedi Eric Besson, ministre français de l’industrie. Ou cette déclaration hallucinante d’Anne Lauvergeon, présidente d’Areva et à ce titre en responsabilité sur la filière nucléaire : « Je crois qu’on va éviter la catastrophe nucléaire. »

Pendant ce temps, l’accident grimpe régulièrement sur l’échelle de l’International Nuclear and Radiological Event Scale (INES), d’une position 4, signe d’une situation « maîtrisée » et d’un relâchement de matière radioactive important mais limité à l’échelle locale, à la position 6, accident grave… tout près du maximum 7, accordé à Tchernobyl. Pendant ce temps, nous voyons, sur des vidéos diffusées en direct, des explosions dans la centrale. L’un après l’autre, les bâtiments sont soufflés en nuages, qui à chaque fois ne sont pas le grand champignon qui seul serait signe de catastrophe. On nous parle de l’enceinte de confinement comme du dernier rempart, et nous devons être convaincus qu’elle tient encore et tiendra toujours. Là encore, le fossé entre le discours et les faits laisse pantois.

Mais réfléchissons à cette focalisation sur « l’explosion ». Il s’agit d’un double mouvement médiatique : l’attente garde le spectateur en haleine, et les médias, tout comme leurs spectateurs, croient toujours que le monde est un film hollywoodien, avec happy end obligatoire. Mais il s’agit aussi de masquer la réalité de la situation de catastrophe telle qu’elle est déjà en place. Car même si l’expulsion de matière radioactive sur une large distance est évitée — ce qui semble de moins en moins probable au moment où j’écris ces lignes, car les ingénieurs viennent de quitter leur poste compte tenu de l’intensité de la radioactivité —, les matières radioactives sont déjà propulsées sur une large zone. Tokyo, avec ses 35 millions d’habitants, connaît une augmentation rapide de la radioactivité. Alors même que le gouvernement japonais se veut rassurant envers les populations, lundi 14, le porte-avion américain Ronald Reagan, pourtant situé à 150 km, se déplace pour éviter un nuage radioactif. Car le maintien, quand il était encore possible, de la température du cœur passait par des relâchements volontaires ou explosifs de vapeurs chargées de radionucléides, ce qui est signe de catastrophe, avec à l’évidence des conséquences, sur la santé humaine, l’agriculture, l’alimentation…

Cela n’empêchait pas les « experts » de l’Organisation mondiale de la santé, cette même institution qui voyait dans la grippe H1N1 une menace pour la planète, de déclarer : « D’après ce que l’on sait pour l’instant sur les niveaux de radioactivité, le risque de santé publique est minime pour le Japon. » On est alors le lundi 14 mars, et c’est repris dans une dépêche AFP de 18 h. Gregory Hartl, porte-parole de l’OMS, ajoute sans rire : « Cela veut dire que si quelqu’un est touché, les risques ne sont pas très grands. »

Devant la naïveté tant des experts patentés que des médias, nous sommes en droit de soulever quelques questions essentielles pour la société qui émergera de cette catastrophe en cours.

Terminons en admirant la façon dont on suppute dorénavant sur l’imminence de la pluie, sur le sens du vent, sur la force des vagues pour déterminer les risques encourus par les populations du Japon (et des pays de la zone Pacifique). Comme des augures de l’Antiquité, la société techno-médiatique en est réduite à espérer des signes du ciel pour conjurer le sort… Si l’humanité dispose de plus de connaissances, il est clair qu’elle n’a pas beaucoup plus de sagesse.

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